Drôme – Mobilisation le 12 décembre : « On recycle en lycée professionnel ce qui n’a pas marché en lycée général »
Pourquoi les enseignants des lycées professionnels sont en grève ce mardi 12 décembre ?
Réponse avec le secrétaire académique du syndicat Snuep/FSU,
Pascal Michelon, professeur de maths/sciences
au lycée professionnel Victor-Hugo de Valence.
Photo Le DL /Frédérique Faÿs.
À l’appel de tous les syndicats sans exception, un mouvement de grève est annoncé dans les lycées professionnels ce mardi 12 décembre.
Quelles en sont les raisons ?
« Nous demandons purement et simplement le retrait du projet de Carole Grandjean, ministre déléguée à l’enseignement professionnel. Cette réforme est issue de la campagne présidentielle du président Macron qui défend l’idée selon laquelle l’entreprise forme mieux que l’école. »
« Tout commence par la suppression de 71 heures d’enseignement professionnel en classe de Terminale pour basculer sur des stages en entreprise et la suppression d’une heure de cours hebdomadaire en Seconde et Première ».
Vous dénoncez un détricotage du Bac professionnel.
« En 12 ans, nous sommes passés d’un Bac pro sur 3 ans à un Bac pro en 2 ans puisque l’année de Terminale est tronquée, les épreuves finales seront avancées dès le mois d’avril pour imposer des stages dès le mois de mai. En somme, on recycle en enseignement professionnel ce qui n’a pas marché en lycée général ! »
« Puisqu’on assiste cette année au grand retour en arrière des épreuves du Bac général en juin. Que va-t-on faire des élèves en Seconde et Première au mois de mai, quand les Terminale passeront leurs épreuves ? »
« Nous n’avons pas de réponse. Sans compter l’embouteillage monstre qui va arriver en juin avec cette nouveauté des deux semaines de stage en classe de Seconde générale, en même temps que nos élèves pour qui les stages sont obligatoires et conditionnent l’obtention de leur diplôme ».
Vous prônez une filière professionnelle avec une part de culture générale. Pourquoi ?
« Nous défendons l’idée d’une formation émancipatrice pour des jeunes en difficulté, souvent issus de milieux défavorisés. Il n’y a aucune raison que ces élèves n’aient pas le droit à une formation scientifique, littéraire, philosophique, des cours d’anglais et d’histoire-géo. »
« Une société ne se porte pas très bien quand elle exclut. Ce sont les jeunes des filières professionnelles qui ont le moins accès à la culture ».
Que proposez-vous ?
« Au lieu de ce chef-d’œuvre en fin de formation et ces heures en co-intervention, il serait préférable de dédoubler les classes pour des effectifs à 15 élèves au lieu de 30. Nous demandons le maintien des heures de cours d’enseignement général. »
« Nous assistons au saccage du Bac professionnel avec cette idée de faire travailler les jeunes le plus tôt possible. Nous voyons l’évolution des formations réduites en fonction des besoins locaux et des métiers en tension localement ».
Comment va s’organiser la protestation ?
« Pour la Drôme et l’Ardèche, il y aura un rassemblement à 10 h 30 devant la direction académique à Valence suivie d’une audience avec le directeur académique. Puis avec les enseignants de Savoie, Haute-Savoie et Isère, tout le monde a rendez-vous à 14 h 30 à Grenoble, devant le rectorat comme point de départ de la manifestation. »
« L’intersyndicale (Snuep/FSU, CGT-éduc, FO, Sud éducation/Solidaires, CNT, Snalc, Unsa, Sgen/CFDT) avec les syndicats de l’enseignement privé et la fédération de parents d’élèves FCPE demandent la suppression du projet de réforme de la voie professionnelle et la non-présentation de celle-ci au Conseil Supérieur de l’Éducation le 14 décembre ».