Prévenue le mardi soir de la visite du Ministre le vendredi 13 janvier 2019, la FSU a organisé dans l’urgence l’expression de la profession et utilisé tous les canaux possibles pour porter les revendications des collègues, malgré le verrouillage total de l’événement.

Au collège de Die, avec l’aide la section SNES, les personnels de la cité scolaire ont distribué une lettre ouverte au Ministre pour dénoncer la réforme du Bac et du lycée. Ils ont aussi constitué une délégation reçue par le conseiller du Ministre pour revendiquer notamment des hausses de salaires et le dégel du point d’indice.

A Valence, à l’occasion d’une rencontre organisée par le Dauphiné Libéré entre des lecteurs et JM Blanquer, la FSU a pu « infiltrer » deux camarades qui, sur le collège et l’école primaire, ont exprimé un certain nombre de critiques à l’égard de la politique scolaire du Ministre.


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Parallèlement, une délégation FSU a rencontré la conseillère sociale de Blanquer. Madame Bourhis, conseillère ministérielle, a reçu les représentants suivants :

– Yoann Chauvin, secrétaire départemental SNUIPP-FSU ;

– Christophe Dumaillet, secrétaire départemental SNES-FSU ;

– Pascal Michelon, secrétaire académique, SNUEP-FSU ;

– Thierry Pioche, secrétaire départemental SNEP-FSU.

L’audience a duré environ 45 minutes.

La délégation a d’abord mis en avant le mépris du Gouvernement et plus particulièrement celui du Ministère de l’Éducation Nationale à l’égard de ses agents et de ses usagers :

– mépris par le nombre de suppressions de postes face à l’augmentation des effectifs et le recours systématique à des contractuels non formés, parfois trouvés sur « Le Bon Coin » ;

– mépris par le recours aux HS (imposition d’une deuxième heure supplémentaire par décret) et aux primes au mérite annoncé le ministre ;

– mépris par le manque de concertation véritable et la mise à l’écart de tous les corps intermédiaires (voir attaques sur le paritarisme et derniers CTM et CSE), ce qui peut aussi expliquer l’émergence du mouvement des « Stylos Rouges ».

On rappelle que beaucoup de professeurs ont déjà deux HS imposées et que ce nouveau décret n’est pas une solution. En revanche, on insiste sur des conditions de travail de plus en plus intenables, ce qui constitue une forme de violence psychologique et une des raisons de la crise de recrutement.

La FSU demande la suppression du jour de carence ; elle revendique une augmentation véritable des salaires qui passe par une hausse du point d’indice et non par des primes au mérite. Elle demande également davantage de personnels formés : professeurs mais aussi CPE, AED, PsyEN, agents administratifs, AS, infirmières et agents territoriaux.

Chaque représentant syndical prend ensuite la parole pour dénoncer les conditions de travail dans son secteur ainsi que les réformes passées et en cours.

– Pour le Premier Degré, le SNUIPP reconnaît les bienfaits des dédoublements en CP et CE1 en REP mais le prix à payer est trop important pour les classes « ordinaires » : moins 15 postes dans la Drôme à la rentrée prochaine.

– Pour le Collège, on reconnaît certains assouplissements dans la réforme mais les effectifs sont beaucoup trop nombreux et les baisses horaires par discipline sont bien réelles.

– L’EPS est de plus en plus maltraitée alors même que toutes les études insistent sur l’augmentation et les effets négatifs d’une sédentarité sans cesse accrue chez les adolescents. La spécificité de la discipline n’est plus prise en compte au DNB mais elle est noyée dans une évaluation du socle sans réelle consistance. Les pertes d’heures sont importantes (suppression de l’enseignement d’exploration et de complément au lycée, baisse du volume hebdomadaire dans les filières professionnelles où l’on passe de 3 h à 2,5 h sur les 3 années de formation).Dans le même temps l’EPS sera la seule discipline à ne pas bénéficier d’un enseignement de spécialité dans la réforme du lycée L’Association Sportive est mise en difficulté par l’augmentation de 10% du contrat licence et la baisse des subventions des collectivités territoriales. Le format de l’audience ne permettait pas d’évoquer bien d’autres sujets de tension, c’est pourquoi le SNEP-FSU a remis un dossier complet à Madame Bouhris.

– Pour la Voie Professionnelle, le SNUEP dénonce l’ensemble de la réforme, les pertes d’heures et de sens de cette voie qui accueille pourtant les catégories les plus défavorisées. Il insiste entre autres sur le fait que le « chef d’œuvre » demandé par le Ministère n’est pas pris au sérieux et demeurera vain.

– Pour le lycée, le SNES dénonce la mise en place d’un tri sélectif pour les élèves, particulièrement visible avec Parcoursup et la réforme de l’orientation qui promet la fin de ce service public national. Les réformes du lycée et du baccalauréat sont dénoncées. Le système devient très complexe et donc réservé à des initiés : les effectifs seront à 35 élèves par classe et moins d’enseignements sont prévus ; les programmes sont inadaptés et élitistes ; les élèves sont conduits à choisir au plus tôt des enseignements de spécialité qu’ils ne pourront pas garder au complet jusqu’à la fin de leur cursus, ce qui sera préjudiciable pour leur entrée dans le supérieur. Un exemple concret est donné, faisant suite aux remises de bulletins du premier trimestre. Pour le baccalauréat, ce dernier perdra son caractère national au vu du nombre d’épreuves organisées au local. Les professeurs passeront leur temps à évaluer leurs élèves et n’auront plus le temps de leur apprendre quoi que se soit. Ces réformes en cours inquiètent également les personnels de direction qui ne savant pas comment les mettre en œuvre.

La FSU demande donc, si ce n’est le retrait de toutes ces réformes en cours, au moins un moratoire afin de construire une réforme qui tiendrait compte de ses propositions.

Madame Bourhis a peu de temps pour nous répondre. Elle a pris beaucoup de notes et continuera la discussion avec les représentants nationaux des syndicats de la FSU qu’elle doit revoir très bientôt. Elle insiste cependant sur l’attention que le Ministre a porté à nos revendications et à nos remarques :

– avec l’assouplissement de la réforme du collège ;

– avec la poursuite de PPCR alors qu’il n’y avait pas d’argent pour le mettre en place ;

– avec le dédoublement des classes de CP et de CE1 en REP.

Elle trouve dommageable que les organisations syndicales ne soient pas suffisamment constructives, ce qui pourrait d’ailleurs expliquer la vague des "Stylos Rouges".

Elle ne doute pas que nous soyons tous d’accord pour mener l’ensemble de la jeunesse vers la réussite.

Avant son départ, nous parvenons à lui signifier que ce n’est pas par des déréglementations expérimentales dans le Diois que la profession sera rassurée. Nous lui indiquons enfin que nous ne pouvons accepter les réformes actuelles car nous avons une vision de l’éducation qui est totalement opposée à celle du Gouvernement.

LA FSU-DROME ÉVINCÉE DE LA RENCONTRE AVEC BLANQUER !

Vendredi 11 janvier, le DL organisait une rencontre entre des usagers de l’Ecole et le Ministre JM Blanquer à l’occasion de la venue de ce dernier dans la Drôme. Le DL était le maître d’œuvre et avait toute latitude pour désigner un parent d’élève, un lycéen, un professeur des écoles, un de collège et un de lycée.

Sollicitée sur le collège et le primaire, la FSU avait proposé les noms de deux de ses adhérents mais avait aussi demandé à être présente ès qualité, ce qui dans un premier temps lui avait été accordé.

Mais, à l’annonce d’un éventuel rassemblement organisé devant la Préfecture, subit revirement : la FSU, représentée en l’occurrence par son secrétaire départemental, était devenue personna non grata !

Devant la menace d’annulation brandie par la Préfecture, la hiérarchie du DL, soucieuse de garder son scoop, décidait d’évincer le secrétaire de la FSU. On ne sait qui il faut blâmer : la hiérarchie du DL prompte à se coucher devant les exigences de la Préfecture ou l’entourage du Préfet et du Ministre soucieux de jouer les chiens de garde !

La FSU préfère retenir l’idée que le Ministre Blanquer a peur d’éventuels contradicteurs qui viendraient troubler la belle opération de communication déployée à l’occasion de sa visite et relayée sans trop de distance critique.

Les lecteurs du DL devront donc se contenter des éléments de langage ressassés à l’envi par le Ministre : ils ne sauront rien des dangers de la territorialisation de l’Ecole que le DASEN et le ministre veulent instaurer dans le Diois, ni des graves inégalités de traitement que porte en elle la réforme du bac et du lycée.

La FSU-Drôme, titulaire de 8 des 10 sièges au Comité Technique Départemental et donc largement représentative des personnels de l’Education, continuera à défendre sans relâche le Service Public d’Education.