… les syndicats enseignants ne sont pas convaincus !
Tous soulignent le changement de ton, mais dénoncent des renforts en personnel précaire, des annonces trop imprécises pour se satisfaire de la situation. Tour d’horizon …
Article du Dauphiné Libéré du 14/01/2022 par Frédérique FAYS.
« Nous ne baissons pas la pression », annoncent les syndicats après leur forte mobilisation de jeudi 13 janvier.
Après les premières annonces du gouvernement jeudi soir 13 janvier, quelques heures seulement après la grève importante dans les écoles, collèges et lycées, les réactions et commentaires des syndicats enseignants sont unanimes : « La mobilisation d’hier (jeudi 13 janvier) semble avoir payé, mais nous ne sommes pas dupes et nous attendons de voir se concrétiser rapidement les annonces », résume Christophe Dumaillet, co-secrétaire départemental de la FSU, syndicat majoritaire dans l’Éducation. Évoquant « un camouflet pour le ministre Blanquer et ses communications méprisantes » lors de cette réunion présidée par le Premier ministre qui recevait les délégations syndicales, Christophe Dumaillet « regrette qu’il ait fallu tout ce temps et passer par cette forte mobilisation pour être entendus ».
Non à des renforts précaires
À la CGT-éducation, Claire Pascal-Mousselard l’assure : « Nous ne pouvons pas nous satisfaire de ces annonces. Il n’y a rien de précis, le nombre de recrutements est dérisoire par rapport à la situation et on nous parle de contractuels embauchés jusqu’à la fin de l’année, donc d’emploi précaire ».
Cette annonce de recrutement de contractuels dans le second degré a bien du mal à passer. « Il faudra déjà en trouver, notre profession est tellement peu attractive, souligne Christophe Dumaillet. Ces renforts restent des emplois précaires, puisqu’ils sont annoncés seulement jusqu’à la fin de l’année. Et après ? ». Même constat chez FO-éducation. Sylvain Genevier, secrétaire départemental du SNUDI/FO (Syndicat national unifié des directeurs et instituteurs/Force ouvrière), insiste : « Il faut des postes sous statut ».
Mais tous constatent qu’enfin la demande d’embauche d’enseignants dans le 1er degré (écoles primaires) sur les listes complémentaires est entendue. « Plutôt que de voir des retraités, ce sont ces jeunes qui sont formés qu’il faut vite intégrer aux effectifs », déclare Audrey Bonhoure, la secrétaire Unsa-éducation Drôme.
Quant aux renforts concernant des assistants d’éducation en collège et lycée (plus communément appelés les « pions »), l’Unsa déplore « une situation de souffrance ». « Dans les établissements, la vie scolaire est terriblement impactée et épuisée », ajoute le responsable FSU.
Enfin un changement de ton
Sur la façon de communiquer, « enfin, un changement de ton dans la façon dont le ministre de l’Éducation s’adresse aux personnels, constate d’emblée l’Unsa-éducation. Ce Gouvernement mesure-t-il enfin le niveau d’exaspération et d’épuisement de tout le personnel de l’Éducation ? On nous annonce des rencontres de concertation en amont, cela permettra peut-être de pouvoir appliquer des directives qui correspondent à la réalité du quotidien, en ayant les textes et documents officiels. Ces derniers temps, nous devions nous créer nos propres outils pour travailler ».
À propos d’éventuels reports des évaluations en CP et peut-être des épreuves de spécialités du Bac, la FSU demande que les dates soient rapidement annoncées, « et non pas la veille pour le lendemain comme c’est trop souvent le cas ».
« Protocole sanitaire inchangé. Or c’est actuellement le bazar total et le gouvernement ne résout rien du tout », regrette FO.
« Nous maintenons la pression »
Pour la CGT, « il manque aussi des réponses à nos demandes de revalorisations salariales, d’adaptation des programmes compte tenu de la crise sanitaire depuis bientôt 2 ans, de diminution des effectifs par classe ».
En attendant les décisions prises ce vendredi soir 14 janvier en intersyndicale nationale, les syndicats enseignants n’excluent pas de donner une suite au mouvement. « Le climat de confiance n’est pas restauré », assure Christophe Dumaillet. « Nous allons maintenir la pression par des actions locales tout le mois de janvier », annonce la CGT.