Dans sa récente allocution télévisée, le Président Macron, candidat déguisé, a profité de sa communication consacrée au rebond de l’épidémie de COVID pour tirer un bilan flatteur de sa mandature et pour tracer quelques perspectives pour un prochain quinquennat. Sans grande surprise, Macron tombe du côté où il penchait : à droite !
TROIS MAUVAIS COUPS :
Parmi ces annonces, la FSU en retient trois qui sont emblématiques des attaques qui risquent d’être portées par un éventuel retour de M le Maudit. Il s’agit du durcissement des mesures contre les chômeurs, de la suppression des régimes spéciaux et du recul de l’âge du départ à la retraite. Chacun aura bien compris que dans la « start-up nation », il n’y aura pas de place pour ceux qui ne sont pas « premiers de cordée ». On est loin du dépassement des clivages droite-gauche : le programme annoncé est clairement libéral.
LE MYTHE DU CHÔMEUR INACTIF :
Le SNUTEFI-FSU et la FSU ont déjà dénoncé la réforme de l’Assurance Chômage, laquelle instaure la dégressivité des allocations et un durcissement pour l’ouverture des droits à indemnisation. Le Président-candidat franchit un pas de plus dans sa tentative de captation des voix de droite. Il ne propose ni plus ni moins qu’un flicage autoritaire des chômeurs, présentés démagogiquement comme de potentiels profiteurs. Et la Ministre du Travail, Elisabeth Borne, a relayé la proposition en annonçant 25% de contrôle supplémentaires. Gageons que le précaires de l’Education Nationale ne manqueront pas de faire les frais de ce tour de vis.
Qu’importe que cette mesure repose sur un mensonge : les chômeurs inactifs ne constituent qu’une infime minorité des demandeurs d’emploi ! Qu’importe que les milliers d’emplois prétendument « inoccupés » constituent un leurre lié aux doublons et à la surinterprétation du nombre de postes vacants à un instant T ! Qu’importe que les personnels de Pôle Emploi voient leur mission détournée et dénaturée par cette transformation en vigiles d’une pseudo justice et en auxiliaires des ambitions présidentielles !
Pendant ce temps, l’évasion fiscale pourra suivre son cours…
LE TOTEM DU PRÉSIDENT M : SUPPRIMER LES RÉGIMES SPÉCIAUX
Sous la pression de la rue et de la crise sanitaire et sociale, le président-candidat a dû renoncer à son projet de retraites à points, comme il l’a acté dans son allocution. Mais pour pouvoir prétendre au titre de promoteur de la modernité et satisfaire les appétits des libéraux, il s’est rabattu sur une mesure-totem : la fin des régimes spéciaux, véritable obsession de sa politique depuis la casse du statut des cheminots. On connaît les arguments convoqués : inéquité entre les salariés du Public et du Privé, statut de privilégiés, pensions élevées… La rhétorique démagogique ne manque pas de mots, à défaut d’être moderne.
La manœuvre est grossière : le président-candidat cherche à diviser les travailleurs pour masquer une régression sociale généralisée, comme le montre bien Benoît Teste, SG de la FSU, dans la rubrique « Débats et Controverses » de L’HUMANITÉ du mardi 9 novembre. La mesure annoncée barre d’un trait de plume la spécificité de certaines professions, le niveau de qualification des agents et le rôle de modèle joué par les régimes spéciaux pour leur contribution à compenser les inégalités face au travail et à être des points d’appui pour plus de justice.
UNE MESURE PARAMÉTRIQUE : RECULER L’ÂGE DE LA RETRAITE
Faute de grives, on mange des merles. Face à l’échec de son projet de retraites par points, le président-candidat doit se contenter d’une mesure apparemment de bon sens : on vit plus longtemps, donc on doit travailler plus longtemps pour équilibrer le régime. L’argument est spécieux. C’est une contre-vérité historiquement parlant. Depuis plus d’un siècle, on vit plus longtemps et on travaille de moins en moins longtemps. C’est la contrepartie des gains de productivité du travail.
L’argument du libre choix de son départ en retraite n’est qu’un cache-misère : c’est en fait une option politique en faveur des inégalités. La FSU sait bien que cette « liberté » de travailler plus longtemps concerne surtout les « premiers de cordée ».
Pour contrecarrer l’effet désastreux de cette annonce, en guise de monnaie d’échange, M le Maudit fait miroiter une pension minimum à 1 000 euros par mois. Mais c’est de la fausse monnaie : on oublie de dire que le minimum de pension pour les salariés du privé est déjà de 970 euros, que la mesure annoncée ne s’appliquera qu’aux nouveaux retraités (150 000 personnes sur un total de 5 millions d’assurés touchant la pension minimum).
COMBATTRE CES IDÉES REÇUES
La FSU appelle d’ores et déjà ses adhérents à combattre ces trois mauvais coups et à mener campagne contre ces idées reçues. Les annonces électorales du président-candidat sont porteuses de régressions nuisibles à l’ensemble des travailleuses et des travailleurs, actifs, chômeurs ou retraités.
Il agite des leurres qui évitent de poser la question de la redistribution des richesses, qui éludent la question des nouveaux financements et escamotent la nécessaire amélioration des conditions de vie.
La FSU ne rentrera pas dans ce jeu et se saisira de la campagne électorale pour mettre en avant les vrais sujets : éducation, hausse des salaires et pensions, santé et protection sociale notamment.