En annonçant la réouverture des écoles, des collèges et des lycées le 11 mai prochain, le Président de la République a surpris tout le monde et désavoué un certain nombre de scientifiques. Une telle annonce suscite d’ailleurs plus d’inquiétudes et d’incompréhension qu’elle ne rassure les personnels de l’Education et les parents d’élèves.
Comment comprendre qu’on rouvre les écoles, les collèges et les lycées, alors que les cinémas et théâtres restent fermés ? Comment comprendre que dans le même temps cantines et internats restent fermés ? L’impression qui domine chez les personnels, c’est d’être sacrifiés aux impératifs économiques mis en avant par le MEDEF : il faut bien que les enfants des classes populaires soient gardés, pendant que leurs parents devront aller produire, puisqu’ils n’ont pas la possibilité de télé-travailler. On remarque que les Universités restent fermées, les étudiants n’ayant pas besoin de garderie, sans qu’on se préoccupe des effets désastreux pour les plus défavorisés d’entre eux.
Pour justifier ce choix et le rendre présentable, le Gouvernement met en avant l’argument de la réduction des inégalités que le confinement aggrave. Quelle hypocrisie et quel cynisme ! Il est bien temps que le pouvoir – comptable d’une politique qui n’a eu de cesse de démolir l’Ecole de la République, de promouvoir le mérite et de nier les déterminismes sociaux – se préoccupe du sort des élèves les plus défavorisés !
La crise sanitaire a pour effet de révéler le rôle fondamental des Services Publics et notamment de l’Ecole. Après des années de dénigrement des personnels de l’Education, la Nation redécouvre que tous ces agents sont indispensables, de la cantine à la salle de classe ; qu’enseigner ne peut se faire en distanciel, sans l’apport collectif des autres. Le discours sur le numérique se révèle pour ce qu’il est : au mieux, de la rhétorique ; au pire, un prétexte pour supprimer les moyens humains ! La FSU doit s’appuyer sur cette prise de conscience pour revendiquer une autre politique pour l’Ecole : respectueuse des personnels et des usagers, ambitieuse et émancipatrice, au rebours de ce qui a été fait depuis des décennies.
La FSU porte publiquement le débat sur les conditions indispensables, définies par des autorités scientifiques indépendantes, pour assurer la sécurité des personnels et des élèves, avec un cadrage national, dans la perspective d’une reprise progressive en demi-classes. Elle dénonce une fois de plus l’attitude de Blanquer qui, en dépit des concertations programmées, devance l’appel et annonce un certain nombre de dispositions sans tenir compte de l’avis des personnels, des parents d’élèves, des collectivités territoriales.
Cependant, cette reprise ne saurait rattraper le temps d’apprentissage perdu. Il faut donc concevoir un plan d’urgence pour l’Ecole, mis en œuvre dès la rentrée de septembre. Ce plan doit tout d’abord décider de la suspension des réformes en cours comme celles du lycée, du Bac ou de Parcours Sup. Mais cela exige surtout le recrutement de personnels en nombre (ouverture massive de postes aux concours de recrutement, titularisation des contractuels…) afin d’abaisser les effectifs d’élèves par classe, d’assurer tous les remplacements, de rétablir le « plus de maîtres que de classes », de reconstruire les RASED, d’abonder le nombre d’infirmières et d’assistantes sociales scolaires, de renforcer les « vie scolaire », de permettre l’accompagnement des élèves en situation de handicap, de renforcer le nombre de personnels administratifs des établissements et services, .etc.. Les collectivités territoriales (communes, départements, régions) devront également participer à ce plan de rattrapage, notamment d’un point de vue matériel, budgétaire, humain…
Disons le dès maintenant clairement : ce n’est pas à nous (encore une fois !) de payer la crise !
La FSU entend peser de tout son poids pour l’Ecole du « jour d’après »…
Continuez de signer la pétition des 16 organisations et syndicats :
#PlusJamaisCa, signons #PourLeJourDapres
Lire les « Propositions et remarques des syndicats de la FSU sur le déconfinement progressif à partir du 11 mai 2020 » :