– Drôme-Ardèche –
Les assistantes sociales scolaires expriment leur ras-le-bol :
« On nous oublie complètement »

Article et Photo Le DL/Tristan Bonhoure

Pour les assistantes sociales scolaires en Réseau d’éducation prioritaire (Rep) de Drôme et d’Ardèche, de mauvaises conditions de travail se cumulent avec un retard de paiement d’une prime. Pour protester, certaines ont décidé de ne plus effectuer leur permanence dans plusieurs établissements.

Dans la Drôme, huit assistantes sociales scolaires travaillent en établissement en Rep ou Rep +. Elles sont deux en Ardèche. 

Chez les assistantes sociales scolaires des établissements en Réseau d’éducation prioritaire (REP) de la Drôme, le ras-le-bol est palpable. « Depuis septembre, on accuse un retard significatif dans le paiement d’une prime due. Certaines de mes collègues n’ont pas été payées, et d’autres que partiellement », glisse Audrey Mouton, assistante sociale affectée au lycée professionnel Amblard et au collège Paul-Valéry, à Valence.

Alors que le versement de cette prime associée à un travail en REP ou REP + est censé être mensualisé, selon les travailleurs sociaux de l’Éducation nationale, « pour certaines collègues, le manque à gagner peut s’élever à 1 200 euros », reprend Odile Mery, élue au Syndicat national unitaire des assistants sociaux de la fonction publique (SNUAS-FP), par ailleurs assistante sociale pour les étudiants dans la Drôme.


Des permanences qui ne sont plus tenues

En Drôme-Ardèche, en signe de protestation, des assistantes scolaires en REP ou REP + ont décidé de ne plus effectuer leur permanence physique dans certains établissements depuis fin avril. Comme Malika, qui est affectée au collège Marcel-Pagnol, au Plan.

« Ça ne veut pas dire qu’on ne s’occupe pas des dossiers, ou de répondre aux appels, c’est plutôt qu’on refuse d’aller sur place », souligne la trentenaire. Dans d’autres établissements comme les collèges Paul-Valéry et Jean-Zay, à Valence, les permanences ne sont plus assurées non plus.

Toutefois, malgré la décision d’agir collectivement, les assistantes ont peu d’espoir d’être entendues par le rectorat de Grenoble, dont elles dépendent. « Au sein du personnel scolaire, on ne représente qu’un petit nombre de personnes. Il y a huit assistantes scolaires en REP dans la Drôme et deux en Ardèche », rappelle Audrey Mouton.

Si la situation pourrait revenir à la normale dans les prochaines semaines, « la contestation n’est pas terminée », appuie de son côté Odile Mery. Un rassemblement est prévu devant le rectorat de Grenoble mercredi 5 juin dans l’après-midi.


Odile Mery, 60 ans, est élue au Syndicat national unitaire des assistants sociaux de la fonction publique (SNUAS-FP). « Pour certains collègues, le montant de la prime Rep peut s’élever à 1 200 euros. »


« Violences, incestes… on fait face à des situations de plus en plus compliquées »

Au-delà de retards dans le versement des primes, propre au personnel du rectorat de Grenoble, les travailleurs sociaux de l’Éducation nationale pointent un mépris criant envers la profession. Les annonces de début d’année du Premier ministre Gabriel Attal, lors de son discours de politique générale, n’ont rien arrangé.

« Il a acté une revalorisation pour les infirmières scolaires, mais pour nous, pas de création de poste, ni rien, reprend Odile Mery. À chaque fois qu’on parle de santé mentale et de harcèlement à l’école, on nous oublie complètement, alors qu’il s’agit du cœur de notre activité. »

« Violences, incestes, harcèlement… On fait pourtant face à des situations de crise de plus en plus nombreuses et compliquées », renchérit Malika.

Face à l’indifférence, les dossiers, eux, ne cessent de s’empiler.


La liste des établissements en REP ou REP + dans la Drôme :

  • Le collège Albert-Triboulet à Romans-sur-Isère ;
  • Le collège Lapassat à Romans-sur-Isère ;
  • Le collège Fernand-Berthon à Saint-Rambert-d’Albon ;
  • Le collège Jean-Zay à Valence ;
  • La cité scolaire Gustave-Jaume, à Pierrelatte ;
  • Le collège Marcel-Pagnol, à Valence ;
  • Le collège Paul-Valéry, à Valence ;
  • Le collège Europa à Montélimar.

Selon le rectorat, le montant des primes dues sera versé d’ici juin

Le rectorat de Grenoble, dont dépendent les assistantes sociales scolaires de Drôme et d’Ardèche, précise que « suite à leurs revendications concernant le retard de versement des primes REP/REP +, les assistantes sociales et assistants sociaux de l’Académie de Grenoble ont été reçus en audience le 4 avril dernier ».

Lors de cette audience, « des excuses ont été présentées, et renouvelées dans un courrier envoyé le 8 avril, stipulant que ce retard ferait l’objet d’une régularisation dans les meilleurs délais. »

Encore selon l’académie grenobloise, « une première régularisation de la période de septembre à février aurait dû être effectuée sur la paye d’avril. Malheureusement, un incident technique sur l’outil national de gestion des primes a empêché cette régularisation, qui a finalement été effectuée sur la paye du mois de mai. »

La régularisation de la période de mars à mai sera quant à elle « effective sur la paye du mois de juin ».